Crash Landing du Typhoon - Mk.Ib - s/n JP577 HH°T
Fiche France-Crashes 39-45 modifiée le 16-07-2021
Date Nation Département Unité - Mission
16-08-1943 Angleterre/Common. Pas-de-Calais 175 Sq RAF 83 Grp 2e TAF Ramrod 205 - Escorte de 40
Douglas Boston - Photo du site jn.passieux.free.fr
Boston
sur Denain (59)
Localisation 3 Km SO d'Auxi-le-Château - 22 km NE Abbeville
Circonstances Abattu par la flak - Crash-landing vers 17h30 -
Commentaires Décollage 17h00 de Midley (Lydd), Kent (UK)
Sources ** Jean-Luc Maillet & Michel Coste (sources: Tony Wood / Conscript-Heroes / www.evasioncomete.be) / Jean-Luc Maillet / Henri Corroy (source: Livre La ligne de démarcation
par Colonel Rémy
Ed Perrin
La ligne de démarcation
) / Nat Archives UK
Historique 08/12/2011=Création - 21/09/2014=Modif départ,comm pil - 17/02/2021=Modif depart,local,circonst - 24/02/2021=Ajout lien - 16/07/2021=Ajout rapport
Grade Prenom Nom Poste Corps Etat Lieu d'Inhumation Commentaires
Sgt Harold Edwin Merlin Pil RAF En fuite 700710 - Né le 03/02/1920 - Pretoria, Union of South Africa - Passe en Suisse, emprisonné puis revient en France, intègre un maquis - Retour base 15/09/1944 depuis Bruxelles, Belg - Rapport WO 208/3323/2432
** Les sources sont citées chronologiquement en fonction des nouvelles informations reçues ou trouvées
Fiche tech Correspondance grades Abréviations utilisées Filières d'évasion Camps de Pow Bases RAF/USAAF Utilitaires
Compléments (rapports - helpers - récits - liens - photos)
Traduction du rapport d’évasion du Sgt Merlin (source: National Archives de Kew – WO208/3323/2432):
J'ai décollé de Lydd dans un avion Typhoon à 17 h le 16 août 43. J'ai atterri en catastrophe vers 17 h 30 à trois km au sud-ouest d’AUXI-LE-CHATEAU. J'ai perdu connaissance dans l'accident. Environ 20 minutes plus tard, j'ai repris connaissance et j'ai découvert que l'on me tirait dessus avec des fusils et des mitrailleuses Tommy de la batterie Flak qui m'avaient abattu. Je suis sorti de l'avion et j'ai couru dans un bois à proximité.
J'ai retiré mon insigne de vol et mon insigne de grade, etc. de mon uniforme et je les ai enterrés. Un peu plus tard j'ai contacté des paysans français qui m'ont donné de l'eau et de la nourriture. J'ai commencé à marcher vers le sud-est au crépuscule et suis arrivé à la périphérie de DOULLENS (N 1587) à 04h00 le 17 août.
Je me suis caché dans un bois jusqu'à 21h00 quand je suis arrivé à GROUCHES-LUCHUEL (N 1989), où je suis arrivé à l'aube le 18 août, je me suis caché dans une grange jusqu'à l'après-midi, lorsque je me suis approché d'une maison à la périphérie du village, où on m'a donné de la nourriture et une combinaison.
Le soir, j'ai été dirigé vers LUCHEUX (N 2091 ), où j'ai contacté un homme et je suis resté chez lui jusqu'au lendemain soir, lorsque deux hommes sont venus à la maison. Un de ces hommes m'a escorté jusqu'à FREVENT (N1200). Nous avons voyagé à vélo.
À FREVENT, j'ai rencontré un homme qui m'a interrogé sur mon identité. Plus tard dans la soirée, cet homme m'a emmené à vélo à SIBIVILLE (N 1503), où je suis resté dans une maison jusqu'au 10 septembre. Pendant ce temps, on m'a fourni des vêtements civils, une carte d'identité et une carte de travail.[…]
Suite du rapport d’évasion du Sgt Merlin (source: National Archives de Kew – WO208/3323/2432-Annexe C):
Le 10 septembre M. HETROIT (Raymond HETROY), FREVENT que j'avais rencontré en août m'a demandé si je serais disposé à contacter M. Joseph BECKER, AUXI-LE-CHATEAU (M 0097), qui était réputé avoir des informations qui seraient utiles aux Alliés . Les Patriots avaient refusé de contacter Becker car il est un Allemand naturalisé et était soupçonné à l'époque. BECKER possédait STAUBACK TRANSPORT ENTREPRISE et travaillait pour les Allemands.
J'ai accepté de contacter BECKER afin de découvrir quelles étaient ses activités. BECKER ignorait que je parlais allemand ou que j'étais envoyé pour le surveiller. Il savait que j'étais un aviateur britannique.
Je suis allé chez BECKER le 10 septembre et je suis resté chez lui jusqu'au 26 octobre. Après quelques jours d'observation, j'ai conclu que BECKER était fiable du point de vue allié. Il a obtenu des informations sur les aérodromes, les avions, les positions de batterie Flak, et de vagues informations sur le V-1, en présence d'officiers allemands. Il me raconta plus tard cette information en français car il ignorait encore que je comprenais l'allemand. Je me suis lié d'amitié avec les membres de la Feldgendarmerie allemande, les sous-officiers et les différentes entreprises de transport de la région d'AUXI-LE-CHATEAU, lors de la première semaine de mon séjour chez BECKER.
Vers le 17 septembre, je suis devenu conducteur de la voiture particulière de BECKER. Cela m'a permis de visiter diverses installations allemandes dont 32 sites V-1 et V-2.
Du 18 au 25 septembre j'ai envoyé des informations détaillées concernant les installations allemandes à M. HETROIT, FREVENT (N 1200) et du 25 septembre au 26 octobre je l'ai livré dans un café en face de l'église de FORTEL (N 0899), sur les instructions de HETROIT. BECKER m'a donné toutes les facilités pour travailler à la préparation de mes rapports, etc. Il était parfaitement au courant de mes activités. Il n'a fait aucune tentative pour m'impressionner par l'importance d'une information particulière qu'il m'a transmise.
Du 18 septembre au 26 octobre, j'ai aidé environ 40 membres du personnel navigant allié. Jusqu'à mon arrivée, aucune organisation d'assistance aux évadés n'existait dans ce domaine. Vers la fin septembre un Polonais (naturalisé français) nommé EMILE, c/o Librairie du Sacré Coeur, LILLE, qui était l'organisateur de l'assistance aux équipages alliés dans le nord de la France et en Belgique, est venu me voir chez BECKER. J'ai accepté de prendre en charge la zone AUXI-LE-CHATEAU - ABBEVILLE. J'ai pris les dispositions nécessaires pour l'hébergement des aviateurs et la fourniture des cartes d'identité. EMILE a organisé leur voyage depuis ma région.
Le 15 octobre, deux agents du contre-espionnage allemand sont arrivés à AUXI-LE-CHATEAU en provenance de PARIS. Ils nous ont interrogés BECKER et moi pendant deux jours. Au bout de ce temps, les deux fonctionnaires furent convaincus que nous étions de bons collaborateurs allemands, et ils revinrent à PARIS avec une quantité de champagne, du brandy et de viande. Il en résulta que les patriotes d'AUXI-LE-CHATEAU étaient convaincus que BECKER et moi étions des collaborateurs et les collaborateurs étaient convaincus que nous étions des patriotes. Afin de sécuriser ma position, j'ai lancé de nombreuses rumeurs contradictoires à mon sujet.
Le 26 octobre, j'ai escorté 11 aviateurs alliés (dont le P/O HADDOCK, RAF) à PARIS. Nous avons voyagé en voiture jusqu'à AMIENS puis en train (deuxième classe) jusqu'à PARIS où j'ai pris des dispositions pour l'hébergement de neuf d'entre eux. J'ai pris contact en leur nom avec une organisation. Deux des convives : P/O HADDOCK et un S/Sgt américain ont été hébergés chez une de mes amies, Mme Mireille COMBAS, 17 rue des Accacias, PARIS, et M. Marcus CELLI, Bar Possoz, Place Possoz, Métro Muette, PARIS .
J'ai séjourné dans différents hôtels à PARIS, me faisant passer pour un Français, du 26 octobre au 7 novembre.
J'avais des informations importantes que je souhaitais faire parvenir au Royaume-Uni le plus rapidement possible. J'ai décidé de voyager en SUISSE. Je n'ai eu aucun contact qui pourrait m'aider à partir rapidement. Je me suis entendu avec le P/O HADDOCK et le S/Sgt américain que si je réussissais à entrer en SUISSE, je m'arrangerais pour qu’ils me suivent.
M. CELLI m'a fourni 8000 francs, et il a donné environ 12.000 francs aux hébergeurs à PARIS pour abriter les aviateurs alliés.
Le 4 novembre, j'ai rencontré l'Oberleutnant Gerard DAVIDT du Q.G de la Marine allemande à ST.ASSISES près de PARIS. Après quelques réunions, DAVIDT m'a donné une copie du chiffre utilisé par les sous-marins en mer du Nord et le chiffrement téléphonique utilisé entre les bases navales allemandes en Méditerranée. J'ai transmis cette information à l'Attaché de l'Air en SUISSE à mon arrivée là-bas.
J'appris par M. TELLIER en mars 44 que DAVIDT avait été tué. Une patrouille allemande de la Gestapo avait ouvert le feu sur la voiture de DAVIDT sur le boulevard des Invalides à PARIS en mars 44.
Le 7 novembre 43 je quittais PARIS escorté par M. Toni VIVIANI, rue Vercinhetorix, PARIS. Tous mes papiers secrets étaient cachés dans une miche de pain dans ma valise. Nous avons voyagé en train (première classe) jusqu'à ANNECY (T 9307). Au cours de ce voyage, nos papiers ont été examinés à sept reprises par des contrôles allemands. Nous avons voyagé en bus jusqu'à ST. GERVAIS (-lès-Bains). Nous avons ensuite marché jusqu'au PRAZ (Praz-sur-Arly) où nous avons rencontré M. PABLOS, qui a déclaré qu'il était trop tard dans la saison pour traverser les Alpes. Tony est ensuite retourné à PARIS avec des instructions pour le P/O HADDOCK et le S/Sgt américain à l'effet qu'ils devaient rester à PARIS jusqu'à ce qu'ils reçoivent d'autres instructions de moi ou des Autorités britanniques en SUISSE.
Le 8 novembre, je suis retourné à ST. GERVAIS et j'ai séjourné dans un hôtel jusqu'au 9 novembre, date à laquelle j'ai pris le bus pour ANNECY. J'ai ensuite marché jusqu'à ST. JULIEN (T9232) où je suis arrivé le matin du 11 novembre. J'ai été contrôlé par la milice française et arrêté car mes papiers n'étaient pas en règle pour cette zone. J'étais emmené au QG de la Milice quand je me suis séparé de mon escorte et me suis caché dans une ferme à la périphérie de ST. JULIEN à environ 50 mètres de la frontière suisse. Le fermier, M. SEVAZ, était sympathique et il m'a donné un laissez-passer spécial qu'il avait obtenu des autorités allemandes afin de lui permettre de passer la frontière comme une partie de sa ferme est en Suisse. J'ai mis ma miche de pain, etc., dans un sac que j'ai placé dans une charrette de ferme que m'a prêtée M. SEVAZ. Il m'a aussi prêté une combinaison. J'ai conduit le chariot jusqu'à la porte de la clôture où j'ai présenté mon laissez-passer à la sentinelle et j'ai été autorisé à passer. Quelques minutes après j'étais en sécurité sur le territoire suisse. M. SEVAZ s'est précipité au portail et s'est plaint que quelqu'un avait volé son chariot et son laissez-passer. C'était arrangé à l'avance. J'avais abandonné le chariot à quelques mètres à l'intérieur de la frontière et enlevé la salopette à la vue de la garde allemande.
M. SEVAZ m'avait donné le nom d'un ami, le Capt ROCHAT garde suisse. Lorsque les gardes suisses à la frontière sont arrivés pour m'arrêter, j'ai déclaré que j'étais un agent suisse et que je devais voir immédiatement le capitaine ROCHAT. Les gardiens ont téléphoné au Capt ROCHAT qui est venu de GENÈVE pour me voir. Il m'a emmené sur sa moto jusqu'à GENÈVE. Il m'a alors proposé de lui donner certaines de mes informations avant d'être autorisé à contacter la légation britannique. Il prétendait travailler en collaboration avec des agents britanniques. Je lui ai raconté un conte de fées qui a été publié dans les journaux suisses le lendemain. Je lui ai raconté une histoire parce qu'il menaçait de me livrer aux gardes suisses si je refusais. Cela aurait signifié la découverte de mes documents secrets.
Le Capt RICHARD me conduisit chez M. FARRELL, le Vice-consul britannique à GENÈVE, je fus alors interrogé par un membre de l'état-major de la Légation britannique. La miche de pain contenant mes documents secrets a été ouverte en présence de Mr FARRELL et de l'homme qui m'a interrogé.
Le 12 novembre, j'ai été remis aux autorités suisses et mis en prison à BERNE le 13 novembre après avoir été interrogé par un colonel suisse qui s'est approprié ma carte d'identité française. Je suis resté en prison jusqu'au 20 novembre, date à laquelle j'ai été envoyé en quarantaine à BERNE. À partir du 24 novembre, j'ai été interrogé quotidiennement pendant huit jours par l’Air Commodore WEST et le Wing Commander JONES. Le 11 décembre, le F/Lt CHINCHEN, la RAAF et moi sommes allés à une fête à la légation britannique. Nous avons été arrêtés par les autorités suisses aux premières heures du 12 décembre pour avoir rompu la quarantaine et nous avons été mis en prison pendant quarante-huit heures. Je suis resté à BERNE jusqu'au 14 décembre quand j'ai été envoyé au camp d'internement d'AROSA où je suis resté jusqu'au 18 janvier 44.
Le 24 décembre, l’Air Commodore WEST a visité AROSA et m'a montré un câble du ministère de l'Air qui déclarait que tous les emplacements V-1 identifiés par RAF 700710 avaient été attaqués avec succès.
Le 27 décembre, l’Air Commodore WEST m'envoya chercher à AROSA et me réprimanda parce que mon conte de fées avait été publié dans la presse suisse ; aussi parce que des histoires concernant le front albanais avaient été découvertes parmi mes biens personnels à la station LYDD RAF. Ces histoires écrites entre octobre 1940 et avril 1941 étaient des copies carbone de mes contributions à mon journal - The Chicago Tribune.
L’Air Commodore WEST m'a alors demandé si je serais prêt à entreprendre une mission quelconque en France. J'ai accepté d'exécuter ses instructions. L’Air Commodore WEST a clairement indiqué que ce travail serait entièrement volontaire.
Le 19 janvier 44, l’Air Commodore WEST m'a envoyé chercher et je me suis rendu à BERNE. Il m'a demandé d'obtenir des informations concernant les aérodromes allemands dans le nord de la France. J'ai accepté d'entreprendre cette mission. Le 26 janvier, l’Air Commodore WEST a reçu un télégramme du ministère des Affaires étrangères soulignant que la Convention de La Haye stipulait que les membres actifs des forces militaires ne pouvaient pas être employés à des travaux d'espionnage en territoire ennemi. L’Air Commodore WEST a envoyé un câble au ministère de l'Air demandant que la décision du ministère des Affaires étrangères soit annulée. Il a reçu une réponse à l'effet qu'il ne pouvait pas. Le 27 janvier, l’Air Commodore WEST m'a informé que mes services ne pouvaient pas être employés à ce moment-là, mais si une opportunité se présentait de m'employer, il me contacterait. Il m'a également informé que je devais me considérer comme un interné et rester à AROSA jusqu'à ce que je reçoive de nouvelles instructions.
Je suis retourné à AROSA le 28 janvier et j'y suis resté jusqu'au 22 avril.
Au début d'avril, j'ai commencé à faire des plans pour m'échapper de Suisse en France. Le 15 avril, j'ai remis une lettre au W/Co BRAGG, le S.B.O. à AROSA. La lettre était adressée au Air Commodore WEST, et elle déclarait que j'avais des informations concernant un moyen possible d'échapper à la Suisse et demandais la permission d'utiliser la méthode décrite. Le 22 avril, je n'avais reçu aucune réponse à cette lettre alors j'ai décidé de m'enfuir en France. Je n'ai à aucun moment promis aux autorités britanniques ou suisses que je ne m'échapperais pas de Suisse, mis à part la signature d'une déclaration selon laquelle j'obéirais aux ordres du camp.
J'avais appris que le Sgt WALKER (RAF) et le Sgt "Red" (nom oublié) (RAAF), étaient déterminés à s'échapper de Suisse, mais j'ai formé l'opinion que leur plan ne réussirait pas, j'ai entrepris de les escorter en France.
Le Sgt PRIVE, Armée de l'Air française, et le Sgt KING, RAF m'avaient approché pour me demander de les inclure dans l'équipe d'évasion. J'ai décidé qu'ils ne convenaient pas et j'ai refusé de les inclure.
Le 22 avril, le Sgt WALKER, l'Australien et moi avons voyagé en train d'AROSA à PRUNTRUT (P 5079). J'ai modifié le laissez-passer qui avait été délivré par les autorités suisses pour mon voyage d'AROSA à BERNE et j'ai remplacé BERNE parPRUNTRUT. Je n'avais pas de carte d'identité française. J'avais un passeport britannique. Mes compagnons n'étaient en possession d'aucun papier. Nous sommes arrivés à PRUNTRUT dans la soirée du 22 avril et avons marché jusqu'à environ deux km au sud de CHEUNEZ (P 4466) où nous sommes restés dans un bois jusqu'à l'aube du 23 avril. Nous avons ensuite marché jusqu'à environ deux km au sud de RACOURT (P 4166) où nous nous sommes cachés dans un bois jusqu'au crépuscule. Nous avons commencé à marcher vers l'ouest et à l'aube du 24 avril, nous avons traversé la frontière à environ un mile au sud sur la route VILLARS - DANVANT (P 3763). Nous nous sommes cachés dans un bois à environ 500 mètres à l'intérieur de la France pendant le reste de la journée.
L'Australien avait été très négligent pendant le voyage et il a refusé d'obéir à mes instructions. J'ai été obligé de le menacer de lui tirer dessus s'il continuait à mettre en danger l'évasion. A mon avis, il était malade. Je portais le pistolet automatique que M. HETROIT m'avait donné en septembre 43. On m'avait fouillé ou demandé si j'étais armé, pendant le temps que j'étais en Suisse.
Le soir du 24 avril, nous avons marché N.W. et nous sommes arrivés près d'AUDINCOURT (P 3685) à l'aube du 26 avril. Nous avions obtenu de la nourriture des paysans en chemin. J'ai laissé mes deux compagnons cachés dans un bois près d'AUDINCOURT et j'ai marché jusqu'à MONTBELIARD (P 3389), où j'ai contacté M. SCHORPP, 1 rue de la Prairie, MONTBELIARD. Lui et moi avons voyagé à vélo, en prenant deux vélos supplémentaires dans le bois près d'AUDINCOURT, et nous avons emmené le Sgt WALKER et l'Australien à MONTBELIARD où le Sgt WALKER, l'Australien et moi avons passé cette nuit dans un monastère. Le 27 avril, M. SCHORPP a apporté au monastère des cartes d'identité et une carte de travail pour nous trois. Ce matin-là, le Sgt WALKER et l'Australien ont quitté le monastère pour se rendre à DIJON en train. Le train a été annulé en raison des activités du Maquis et ils sont rentrés au monastère dans la soirée. Peu de temps après, nous avons quitté le monastère tous les trois et avons voyagé ensemble en train (troisième classe) jusqu'à Belfort (J 3694) où le Sgt Walker et l'Australien ont pris un train à 03h00 en avril pour DIJON en route pour PERPIGNAN.
J'ai placé mon pistolet, passeport britannique, etc. dans une mallette et l'ai envoyé par train adressé à moi-même (faux nom) au bureau des bagages, Gare de l'Est, PARIS. J'ai voyagé (première classe) à PARIS où je suis arrivé à 09h00 le 28 avril. Au cours du voyage, le train a été arrêté par le Sicherheitsdienst allemand et le train et tous les passagers ont été fouillés minutieusement.
A mon arrivée à PARIS, je me suis rendu à l'hôtel LION DE BELFORT où je l'avais indiqué précédemment. J'ai rencontré Toni VIVIANI. Il m'a dit que P/O HADDOCK et le S/Sgt américain avaient été emmenés par M. Victor TORONELLI, 33 rue des Martyrs, Hôtel Clauzet, PARIS, à cette adresse à la fin le 43 nov. Après quelques jours M. TORONELLI les avait passés à la Black Panther, une femme qui prétendait aider les évadés à se rendre en ESPAGNE en échange de 25 000 francs par tête.
Cette femme vivait dans la partie cul-de-sac de la rue au sud de la rue de SIMPLON et à l'ouest de la rue de BOINOD, POISSONNIERS, PARIS. J'ai contacté M. Victor TORONELLI le 3 mai et me suis renseigné sur le P/O HADDOCK et le S/Sgt américain. TORONELLI m'a dit qu'ils avaient été pris en charge par le Black Panther. La femme de TORONELLI m'a emmené au domicile de la Panthère Noire où la logeuse nous a dit que la Panthère Noire avait été arrêtée par la Gestapo et abattue au printemps. J'ai eu l'impression que la logeuse avait été préparée pour ma visite. Je n'ai pu trouver aucune trace de P/O HADDOCK ou du S/Sgt américain. M. TORONELLI m'a par la suite demandé les 50.000 francs qu'il prétendait avoir remis au Black Panther pour le compte du P/O HADDOCK et du S/Sgt américain. J'ai refusé de reconnaître sa demande.
Plus tard en mai, M. TORONELL me contacta et me fit savoir que des armes, etc., larguées dans le PAS-DE-CALAIS depuis avril avaient été interceptées par les Allemands. Il m'a demandé de demander où les armes étaient larguées dans cette zone, afin de découvrir où les Allemands interceptaient le matériel. Il a refusé de me dire où il avait appris sur l'interception, mais il m'a dit que l'agent britannique contrôlant le largage d'armes, etc., dans le PAS DE CALAIS avait été attrapé par les Allemands en mars et, qu'après le troisième degré par l'agent de la Gestapo, avait accepté d'informer les Allemands des prochains débarquements de ravitaillement. J'ai transmis cette information au Major BELLEGUIC, Hôpital Américain, NEUILLY, PARIS. J'ai prouvé que cette histoire était absolument sans fondement lorsque j'ai contacté LT. Pierre Au cours du mois de mai, M. TORONELLI a également fourni volontairement d'autres informations qui se sont révélées fausses.
TORONELLI a disparu fin mai. Juste avant sa disparition, il a affirmé que la Gestapo était après lui. M. Noël TORONELLI, Hôtel du Lion de Belford, 10, rue Boulard, DENFERT ROCHEREAU, PARIS, 14, frère de M. Victor TORONELLI, m'a informé au moment de la disparition que son frère s'était rendu à MONTLUCON (R 14).
Les personnes suivantes peuvent donner des informations concernant les activités de M. Victor TORONELLI : M. DEVEZES, 27, rue de Remouleurs, MONTLUCON, et Mme Mirelle COMBAS, 17, rue des Accacias, PARIS.
Du début mai au 22 juillet VIVIANI et moi avons distribué des tracts de propagande alliés aux Français dans les rues de PARIS.
J'ai organisé un groupe de patriotes qui habitaient à proximité de l'hôtel du Lion de Belfort. Leurs activités étaient principalement des patrouilles de nuit pour tendre des embuscades aux soldats allemands et obtenir leurs armes.
Le 5 mai, je me suis rendu à la gare de l'Est PARIS pour obtenir mon attaché-case. Lorsque je me suis renseigné au bureau des bagages, les fonctionnaires français sont devenus très excités et se sont dirigés vers les soldats allemands qui étaient dans le bureau. Je suis sorti de la gare. Je me suis arrangé pour que ma valise soit volée à la bagagerie cette nuit-là. Lorsque j'ai repris possession de celui-ci, j'ai découvert que les serrures avaient été forcées, mais que le contenu était intact malgré la destruction.
J'ai obtenu une nouvelle carte d'identité et une nouvelle carte de voyage à la fois. Il n'y avait pas de photo de moi dans la mallette.
Le 15 mai, j'ai rencontré Mlle Mitsi JANSEN, 17 rue des Accacias, PARIS, que j'avais déjà connue lors de sa visite à AUXI-LE-CHATEAU en octobre 43. Elle possédait une entreprise de transport à PARIS. Elle m'informa que M. Joseph BECKER avait été arrêté par la Gestapo en novembre 43, accusé d'avoir volé de l'essence aux Allemands et de l'avoir vendue aux Français. Il avait été mis en prison à LILLE et interrogé. Il avait été accusé d'avoir travaillé en septembre, octobre et novembre avec un agent américain qui avait été largué dans la zone d'AUXI-LE-CHATEAU, et d'avoir donné à l'agent des informations concernant les sites V1. Elle m'a aussi dit que BECKER avait été soigné en prison, qu'il s'était évadé de la prison en Mai 44 et était retourné à AUXI-LE-CHATEAU où il se cachait chez Mme LANCIOT. L'impression de Mlle JANSEN était que BECKER avait été libéré de prison pour agir en tant qu'agent allemand. Dès que BECKER s'évade de prison, sa petite amie, Mme BRIET, AUXI-LE-CHATEAU, est arrêtée et incarcérée à LILLE comme otage de BECKER.
Mlle JANSEN m'a informé que BECKER travaillait avec M. TERRIER, 12, rue Amsterdam, place Clichy, PARIS, à AUXI-LE-CHATEAU depuis son évasion de prison. En mai, BECKER envoya M. TERRIER chez Mlle JANSEN afin de me contacter, mais elle avait des instructions de ma part que je ne souhaitais pas savoir où je me trouvais.
Le 14 juin, j'ai déménagé à l'Hôtel du Maine, rue du Maine, PARIS, 14 où j'ai séjourné avec Mlle Yvonne COULLET car j'avais appris d'un policier que la Milice française et les Allemands avaient l'intention de perquisitionner l'Hôtel du Lion de Belfort alors qu'ils croyaient qu'il s'agissait d'un QG Patriot. L'hôtel a été perquisitionné quelques jours plus tard.
Le 17 juin, j'ai rencontré M. Joseph (nom inconnu), Garage R'Etincelle, 29 avenue de Chatillon, PARIS. Il m'a dit qu'il avait aidé un certain nombre d'évadés alliés, mais que son organisation était en panne. Il avait deux aviateurs britanniques dans un appartement qu'il louait et comme il manquait d'argent, il ne savait pas quoi en faire. Je lui ai dit que j'essaierais de trouver un moyen d'aider ces deux aviateurs. Le 3 juillet, je l'ai de nouveau rencontré. Il m'a dit qu'il avait réussi à contacter son groupe, et que son organisation avait huit équipages alliés en sécurité.
Le 18 juin je rencontre Mme COMBAS qui m'informe que le Major BELLEGUIC, Hôpital Américain, NEUILLY, PARIS, travaille pour les Alliés. Je lui ai parlé des deux évadés dont s'occupaient M. Joseph. Le major a refusé d'avoir des relations avec les évadés.
Vers le 4 juillet, le Major me demanda de l'accompagner en BRETAGNE en mission. Je lui ai dit que j'étais occupé à PARIS
J'ai rencontré le major BELLEGUIC le 6 juillet. Il m'a dit qu'il connaissait deux Français qui connaissaient un homme qui avait caché un avion de transport français d'avant-guerre dans une église de la périphérie de PARIS. Le major a suggéré qu'il serait peut-être possible d'utiliser cet avion pour nous amener, moi et les huit évadés, au Royaume-Uni. J'ai contacté les deux hommes : M. Edouard REDON, 3, rue des Rosiers PARIS, 4eme, et Inspecteur de Police, M. Pierre HALLE, Poste 376, Hôtel de Ville, PARIS. Ils m'ont montré des photographies de leur avion et nous avons discuté des moyens de l'utiliser. Cela a nécessité plusieurs réunions et vers le 15 juillet, ils m'ont dit que le projet devait être abandonné. Ils ont refusé de fournir des explications pour leur changement d'attitude. J'ai alors vu le major, qui m'a dit qu'il ne pouvait pas me faire confiance, et qu'il ne voulait pas que je traite avec les huit évadés. J'ai l'impression que Mlle Jansen avait créé des soupçons dans l'esprit du Major. Le Major a alors consacré tous ses efforts à la libération de l'ami de Mme COMBAS qui avait été arrêté par la Gestapo
Vers le 8 juillet, j'ai donné mes informations personnelles au major et lui ai demandé de les envoyer au Royaume-Uni. Il a promis de le faire.
Le 18 juillet, le Major m'a demandé mon pistolet car il voulait tirer sur un Allemand. Je lui ai donné. Le 20 juillet, je lui ai demandé de me le rendre. Il a dit que j'étais une nuisance et que je ne méritais pas d'avoir un pistolet. Il ne l'a pas rendu.
Il m'a dit qu'il pouvait me mettre en contact avec le Maquis en BELGIQUE, mais je lui ai dit que je n'avais aucune envie d'aller en BELGIQUE. Il m'a alors dit qu'il me dénoncerait comme déserteur au War Office. Il me proposa d'aller au PAS DE CALAIS. J'ai dit au Major que j'avais l'intention d'aller en ESPAGNE. Il m'a dit qu'il avait envoyé mes coordonnées au Royaume-Uni., mais qu'aucune réponse n'a été reçue.
Le 22 juillet j'ai quitté PARIS et j'ai voyagé en stop et à pied jusqu'à PREVENT (H 1200) où j'arrivais le 24 juillet. J'ai ensuite marché jusqu'à SIBIVILLE où j'ai contacté le Major CARON. Je lui ai demandé de me diriger vers son fils PIERRE. Il m'a envoyé à BERLES (N3690) où j'ai rencontré Pierre CARON, PAS-DE-CALAIS. Son adresse actuelle est : Lt CARON, Adjudant du Colonel WARINGHEN, 16 Rue des Capucins, ARRAS.
J'ai rencontré le Lt CARON chez M. MALVOISIN, BERLES, le 27 juillet. En collaboration avec le Lt CARON j'ai ensuite pris responsable des organisations de patriotes dans le ST. Secteur POL - ARRAS - DOULLENS. J'ai aussi essayé d'organiser la prise en charge des aviateurs alliés qui fuyaient dans cette zone. J'ai distribué les fournitures qui ont été larguées en parachute, et j'ai instruit les patriotes dans leurs usages. J'ai été aidé dans ce travail par PANTHEON d'ARRAS, ALEX (adresse inconnue), M. Jean MASSERON, ST. POL. J'ai donné un rapport détaillé de la distribution des armes, et du nombre de patriotes dans ma région, au Lt CARON. J'ai donné des instructions aux patriotes concernant le sabotage des chemins de fer et des routes, des câbles téléphoniques, l'approvisionnement en eau des locomotives, etc. J'ai également donné des instructions selon lesquelles aucun collaborateur ne devait être intercepté à moins qu'il ne soit activement dangereux. J'ai organisé des patrouilles de nuit contre les patrouilles allemandes et le nettoyage d'Allemands isolés. L'effectif des patrouilles était de 350 hommes, et les 47 gendarmes de la zone. Nous avions trois M.G., 35 pistolets Tommy, 25 fusils, 30 pistolets, 3 000 cartouches de M.G. munitions et 10 000 cartouches de munitions Tommy gun.
Une bande de sept Français sous le commandement du Capt (?) DUVAL, ARRAS, faisait du sabotage dans ma région. Ce gang n'était pas sous mon contrôle.
Du début août au 2 septembre, les patriotes ont saboté 12 trains avec des explosifs, plusieurs centaines de camions en détruisant leurs pneus et ont fait sauter 20 ponts à des points stratégiques.
Une bande de sept Français sous le commandement du Capt (?) DUVAL, ARRAS, faisait du sabotage dans ma région. Ce gang n'était pas sous mon contrôle.
Du début août au 2 septembre, les patriotes ont saboté 12 trains avec des explosifs, plusieurs centaines de camions à moteur en détruisant leurs pneus et ont fait sauter 20 ponts à des points stratégiques.
Sur 2 août Lt CARON, M. Maurice LEFEBVRE, un autre patriote, et moi-même avons voyagé de BERLES à ST.POL dans un camion à moteur afin de récupérer quatre bombes alliées non explosées qui se trouvaient à environ 100 mètres du QG allemand. Les bombes n'étaient pas surveillées, mais une sentinelle se tenait devant le Q.G. et à la vue des bombes. Les bombes étaient nécessaires pour le sabotage des trains (nous manquions d'explosifs). Nous sommes allés jusqu'aux bombes en tenues d'ouvriers. Quelques secondes plus tard, un sous-officier allemand. du Q.G. s'est précipité vers nous avec un pistolet à la main. Il a crié des ordres pour virer le garde. Le Lt CARON a tenté de bluffer le sous-officier, mais nous avons été dirigés vers le Q.G. En chemin, le Lt CARON a donné un coup de poing au sous-officier à la mâchoire et nous avons couru tous les quatre dans des directions différentes. Le sous-officier allemand nous a tiré dessus avec son pistolet et M. Maurice LEFEBVRE, IZEL-LE-HAMEAUX, PAS-DE-CALAIS a été blessé au bras gauche. Deux balles ont traversé mes vêtements, mais je n'ai pas été blessé. Les gardes allemands nous ont tiré dessus avec des fusils. Je suis dans une maison en partie démolie, à ST.POL où j'ai échangé mes vêtements contre des vêtements que j'ai trouvés dans la maison. J'ai alors quitté la maison et me suis mêlé aux gens dans la rue. J'ai emprunté un vélo à un patriote de ST.POL et j'ai pédalé jusqu'à BERLES où j'ai rencontré les trois autres membres du groupe.
Le 5 août je me suis rendu à vélo à OEUF (H 0810) accompagné de M. Jean MASSERON. En chemin, nous avons été arrêtés par huit patrouilles allemandes. Bien que nous ayons été fouillés une fois, mon pistolet n'a pas été découvert. J'ai séjourné dans une ferme à OEUF de 19h00 à 21h45. Pendant ce temps, deux patrouilles allemandes sont venues à la maison et ont examiné mes papiers. À 245 heures, j'ai quitté la maison et j'ai marché jusqu'à un site de lancement de V-1 à la périphérie du village. Je me suis caché à environ 25 mètres de la piste de lancement et j'ai observé le tir d'une bombe volante. J'y suis resté environ six heures. Lorsque j'ai tenté de retourner au village, j'ai découvert que j'étais complètement isolé par les patrouilles et les sentinelles allemandes. Juste avant l'aube, j'ai couru 200 mètres à découvert devant les sentinelles allemandes qui ont commencé à me tirer dessus. J'ai réussi à échapper à l'Allemand et j'ai atteint la maison du village sain et sauf. J'y suis resté jusqu'à l'après-midi du 6 août. A 07h00 ce jour-là, une patrouille allemande a fouillé toutes les maisons du village, mais j'ai été caché dans la maison et n'ai pas été découvert. J'ai fait un rapport détaillé de mes observations sur le site de lancement de la bombe volante, et l'ai donné au Lt CARON pour envoi au Royaume-Uni.
Le 8 août, j'ai emmené un groupe de 13 patriotes près de LIGNY (H 1909) où nous avons récupéré trois bombes non explosées de 500 livres que nous avons placées sous un pont ferroviaire à environ trois kilomètres à l'est de ST.POL. Plus tard dans la nuit, un train de transport V-1 (?) a explosé sur le pont. (Rapport des patriotes).
Le 10 août, j'ai organisé la pose de « tin-tacks » sur toutes les routes principales et secondaires de ma région la nuit. J'estime qu'environ 1 250 crevaisons ont été causées durant le mois d'août par ce moyen dans ma région.
Vers le 11 août, un Allemand, en civil, me rend visite à BERLES. Il déclara qu'il était un déserteur du front de Normandie, et qu'un patriote français, qu'il avait rencontré deux jours auparavant à RIVIERE (N 4094), me l'avait envoyé. J'ai cherché et interrogé l'Allemand. Il n'était en possession d'aucun papier. Il prétendait être l'Obergefreiter Friedrich KONIG, du 572e régiment d'infanterie sur le front de Normandie. Il voulait travailler dans une ferme jusqu'à l'arrivée des forces armées. Je l'emmenai à BAILLEULMONT (N 3592) et le plaçai sous la garde de M. BOUCLY. Il y avait deux membres de l'armée de l'air américaine qui séjournaient chez BOUCLY. J'ai armé l'un d'eux d'un pistolet et lui ai dit de garder l'Allemand. L'Allemand devait travailler à la ferme et dormir dans la même pièce que les Américains. Le 12 août, j'examinai les bagages que l'Allemand avait apportés avec lui et que j'avais conservés. J'ai trouvé une chemise d'officier de la Luftwaffe allemande, un pantalon et une casquette. Lors de son interrogatoire, l'Allemand m'avait informé que sa femme, ses deux enfants et sa sœur avaient vécu à HAMBOURG, mais qu'ils avaient tous été tués par un raid aérien en 1941. Dans son kit j'ai trouvé une lettre sans enveloppe adressée à Karl daté du 26 juin 1944 écrit de HAMBOURG, signé par sa femme (de Karl). La lettre indiquait qu'elle et les deux enfants allaient bien.
Vers le 14 août, un patriote me rend visite à BERLES et m'informe qu'un déserteur allemand, qui séjournait depuis deux mois chez lui à AVION (H 5113) a disparu. La description qu'il me fit de cet Allemand correspondait à l'Allemand qui était venu me trouver. Je suis allé voir l'Allemand et l'ai prévenu que j'en savais plus sur lui qu'il ne me l'avait dit, et que s'il ne faisait pas une véritable déclaration sur son identité et ses mouvements, je le ferais fusiller. Il a ensuite admis que c'était lui qui avait séjourné à AVION et qu'il avait déserté le Front de Russie. Il m'a demandé la permission de retourner dans son ancienne cachette à AVION. J'ai refusé de le laisser partir.
Vers le 15 août, M. BOUCLY est venu me voir et m'a dit que l'Allemand avait menacé toute la maisonnée et a déclaré que s'il était blessé de quelque manière que ce soit, il ferait anéantir tout le village. Il a déclaré qu'il allait à AVION. J'allai ce soir-là avec deux patriotes près de la maison de BOUCLY. Je me rendis seul à la maison et dis à l'Allemand de prendre une note, que j'avais préparée, à BOUCLY qui était dans les champs. L'Allemand a exécuté mes instructions et a été fusillé dans les champs par les patriotes. Le corps a été laissé sur le terrain et il a été récupéré par la Gestapo le lendemain. La note, que j'avais rédigée de telle manière que la Gestapo conclurait que l'Allemand avait été abattu en tant que déserteur par la police militaire allemande, a été laissé sur le corps. J'appris par la suite par les gendarmes que l'Allemand avait été lieutenant de la Luftwaffe.
Vers le 16 août, j'ai arrêté M. Roger FANIEZ, propriétaire d'un garage à ARRAS, et membre de la Milice d'ARRAS. Le Lt CARON et moi l'avons interrogé dans une maison à GOUY (N 3496) où je l'avais arrêté. Nous savions qu'il avait renseigné les Allemands sur les patriotes. Il a refusé de répondre à toutes les questions. Nous l'avons emmené à SOUASTRE (N 3185) et l'avons de nouveau interrogé. Il a ensuite admis qu'il avait travaillé avec les Allemands. Il a refusé de répondre à d'autres questions, et le Lt CARON lui a tiré dessus. Son corps a été laissé sur la route et a été retrouvé le lendemain par la gendarmerie qui savait ce qui s'était passé.
Le 20 août j'entame ma dernière tournée de ma région afin de donner des instructions aux chefs patriotes des différentes villes et villages. Mes instructions : -a) Chaque chef devait organiser une guérilla active de nuit contre les Allemands si les effectifs n'étaient pas trop importants. Les points forts ne devaient pas être attaqués. -b)Chaque voie ferrée de la région devait être minée et maintenue inutilisable. La zone ST.POL en particulier devait être rendue sans communications ferroviaires. -c) Toutes les routes principales et secondaires devaient avoir une double rangée de punaises à l'entrée et à la sortie de chaque ville et village. -d) Aucun collaborateur ne devait être intercepté, mais tout collaborateur actif devait être signalé au Lt CARON ou à moi-même. -e) Qu'aucun aviateur allié ne devait se déplacer de cette présente adresse ou s'engager dans la guérilla. Au cours des jours suivants, je me suis assuré que ces instructions étaient exécutées.
Dans la nuit du 21 août quatre patriotes et moi ont fait sauter un pont de chemin de fer sur la route PREVENT-DOULLENS à la périphérie de PREVENT. La route a été bloquée pendant cinq jours et les convois allemands ont fait un détour de deux kilomètres sur des routes en mauvais état. Le 22 août, j'ai rencontré P/O THOMPSON, RAF, dans une maison à BOUCQUEMAISON (N 1593). Deux Russes évadés d'un camp de concentration allemand en FRANCE séjournaient dans cette maison depuis un an. Ils avaient disparu quelques jours auparavant. J'ai décidé de déménager P/O THOMPSON car BOUCQUEMAISON est sur la route principale d'AMIENS à SAINT POL, et je l'ai emmené dans la maison où je logeais à BERLES.
Du 23 au 25 août, j'ai de nouveau visité les quartiers les plus importants de ma région et j'ai instruit les patriotes au sabotage.
Dans la nuit du 25 août, le Lt CARON, M. Jean MASSERON, P/O THOMPSON, M. BOUCLY, et moi-même sommes allés au Nord-Ouest de BAILLEULMONT, où nous avons miné les deux voies ferrées à l'aide de deux bombes de 40 lb qui faisaient partie d'un magasin de 26 bombes qui avaient été récupérées d'un dépôt de bombes britannique de 1939 près de LOUVENCOURT (N 2679). Le 26 août à midi, une locomotive allemande (130 tonnes allemandes) a déraillé et les deux voitures qui avaient précédé la locomotive ont été totalement détruites. Environ 10 ingénieurs ferroviaires allemands, qui se trouvaient dans les voitures, ont été tués. Ces ingénieurs étaient en route pour réparer la voie qui avait été sabotée environ trois kilomètres plus loin le long de la ligne. La locomotive se trouvait toujours au même endroit lorsque les forces alliées sont arrivées le 2 septembre. Elle a été réparée et utilisée par les Alliés vers le 6 septembre.
Pendant la période du 26 au 29 août, j'ai été engagé dans plusieurs escarmouches avec des Allemands. J'ai blessé au moins quatre Allemands.
Le 27 août, deux compagnies S.S. s'installent à BERLES et une S.S. s'installe à BAILLEULMONT. Dans les huit villages entourant BERLES, il y avait 2 000 soldats allemands dont un général, avec son QG. à BIENVILLERS (N 3588). Le général a été capturé par les Britanniques vers le 2 septembre. En raison de cette activité ennemie, j'ai donné au P/O THOMPSON et à tous les autres équipages de la zone touchée l'instruction de se cacher dans les bois.
Le 27 août j'ai reçu une lettre de M. Jean MASSERON donnant des informations qu'il avait obtenues du secrétaire du Major WEBER le C.O Allemand au point fort de BRYAS (H 2015). J'ai transmis cette information par le Lt CARON à M. Jean PIERRE à ARRAS.
Le 28 août le Lt CARON et moi avons reçu un message de M. Jean PIERRE, ARRAS, chef des F.F.I. dans le PAS-DE-CALAIS. Le message était : Félicitations pour le nombre de sabotages effectués dans la région, et une demande de tabac pour ses hommes. C'était le premier message que nous recevions de lui depuis début août. Nous n'avions aucune instruction d'aucune sorte et nous avons agi entièrement de notre propre initiative du début août au 13 septembre.
Le 30 août, j'ai organisé une guérilla active dans la région de BERLES. Cela a continué jusqu'au 1er septembre, lorsque les premiers chars britanniques sont arrivés à BERLES. J'ai donné des détails sur le point d'appui allemand dans la région de ST.POL-ARRAS-DOULLENS aux Commandants des unités de chars.
Du 1er au 13 septembre, les patriotes sous mon contrôle ont fait plus de 600 prisonniers et tué plus de 100 Allemands.
Du 3 au 13 septembre, il n'y avait pratiquement aucune troupe alliée dans ma région et le Lt CARON était allé à ARRAS le 4 septembre. P/ O THOMPSON a rendu une aide inestimable. J'avais une voiture blindée allemande, deux camions allemands, une « jeep » allemande et une berline, que nous avons utilisées pour les opérations de nettoyage. Tous les véhicules étaient équipés de mitrailleuses.
Du 1er au 13 septembre, les patriotes sous mon contrôle ont fait plus de 600 prisonniers et tué plus de 100 Allemands.
Le 3 septembre, M. Jean MASSERON a mené son groupe de patriotes à ST POL dans une attaque contre les batteries antichars allemandes qui freinaient l'avancée de la colonne blindée britannique sur la route HESDIN - ST POL à la périphérie de ST POL. Les batteries allemandes ont été anéanties.
Le 3 septembre, M. Jean MASSERON a mené son groupe de patriotes de ST POL dans une attaque contre les batteries antichars allemandes qui freinaient l'avancée de la colonne blindée britannique sur la route HESDIN-ST POL en bordure de ST POL. Les batteries allemandes ont été anéanties.
Le 4 septembre, j'ai rassemblé huit évadés dans ma région et les ai emmenés en voiture à ST CLAIR (M 7541) où je les ai conduits au QG du groupe RAF 83. Je suis ensuite retourné sur le secteur ST POL - DOULLENS - ARRAS
Du 1er au 13 sep, j'ai interrogé la plupart des officiers et sous-officiers allemands faits prisonniers par les patriotes de ma région. Mes rapports ont été remis aux unités britanniques qui ont rassemblé les prisonniers. J'ai agi sur la base de mes informations concernant les unités allemandes dans ma région.
Du 5 septembre au 13 septembre de petites bandes de communistes français de la zone industrielle de LILLE-LENS sont arrivées dans ma région avec des papiers les autorisant à récupérer les armes des patriotes. J'ai demandé aux patriotes de ma région de conserver leurs armes, et j'ai remis au chef de chaque bande une note à son supérieur indiquant que je refuse de permettre à mes hommes de remettre leur équipement.
Du 1er au 13 septembre, une bande d'environ 80 terroristes, principalement des ex-P/W russes, dirigée par un Français (nom inconnu) pillait les villages et incendiait les fermes dans ma région. Cette bande était très bien armée et motorisée. J'ai donné des instructions à mes hommes pour que cette bande soit traitée chaque fois qu'elle est contactée. Les gendarmes de ma région avaient des instructions similaires de ma part. Quelques-uns de ces terroristes ont été tués, et certains ont été arrêtés et envoyés à ARRAS. L'un de ces prisonniers a déclaré que le chef de la bande avait donné des instructions selon lesquelles Lt CARON, P/O THOMPSON et moi-même devaient être retrouvés et abattus à vue. Toutes les unités britanniques de ma région ont été prévenues de l'existence de cette bande.
Le 4 septembre, pendant mon absence de BERLES, cette bande de terroristes a occupé BERLES et a abattu environ 50 P/W allemands qui étaient gardés par des patriotes. Ils se sont également approprié tous les objets de valeur en possession des P/W. Parmi les P/W abattus se trouvait l'Oberleutnant STRUNL, un trésorier du 157e (?) Feld Kommandantur qui avait des informations sur l'endroit où se trouvait le général de division LEUZE. L'Oberleutnant STRUHL attendait mon interrogatoire.
Après l'arrivée des forces britanniques le 1er septembre, un grand nombre de Français qui n'étaient pas patriotes portaient le brassard des FFI et ont pris des mesures contre les soi-disant collaborateurs. J'ai donné des instructions à mes hommes pour que ces personnes soient traitées comme des terroristes. Mes hommes avaient des instructions précises de ma part que tous les collaborateurs devaient être signalés au QG français à ARRAS. Ces instructions n'ont pas été respectées.
Le 10 septembre je suis allé à AUXI-LE-CHATEAU et j'ai rencontré M. Joseph BECKER. Il m'a dit ce qui suit : Que les Allemands avaient découvert qu'il avait travaillé avec un agent allié en septembre, octobre et novembre 43, grâce à des informations obtenues par les Allemands d'un patriote français (nom oublié) qu'ils avaient capturé. En novembre 43, il a été arrêté par la Gestapo pour vol d'essence. Lors de son interrogatoire ultérieur, il a été révélé qu'il avait été arrêté en raison de ses activités présumées d'espionnage. Les Allemands ont proposé de le libérer s'il travaillait pour la Gestapo et aiderait à capturer le gang d'espions présumé opérant dans la région d'AUXI-LE-CHATEAU. Il a refusé et a été condamné à être fusillé. En mars, il s'évade à LILLE alors qu'il est conduit de la prison de LILLE à la Citadelle, où il doit être exécuté. Il retourne à AUXI-LE-CHATEAU et est hébergé par Mme LANCIOT. Sa petite amie, Mme BRIET, AUXI-LE-CHATEAU, est aussitôt arrêtée et retenue en otage pour lui. Elle a été libérée quelque temps plus tard.
Il m'a dit qu'il avait travaillé comme chef des patriotes dans la région d'AUXI-LE-CHATEAU depuis sa fuite jusqu'à l'arrivée des Alliés. (Je sais que cette affirmation est vraie). Son assistant était M. Georges TERRIER, 12, rue des Amsterdam, PARIS, 12e.
BECKER m'a dit qu'il avait eu une conversation avec le maréchal MONTGOMERY le 4 septembre, et qu'il lui avait raconté son histoire et quelques détails sur mes activités. Aussi qu'il avait dit au Field Marshall qu'il avait des détails sur le secteur SARREBRUCKEN, TRIER, AACHEN, KOLN des défenses de la ligne Siegfried.
BECKER m'a alors dit qu'il voulait que je m'assure que la British Intelligence Branch sache qu'il avait des informations sur la ligne Siegfried dans la région de TRIER, et qu'il était en contact avec des éléments révolutionnaires dans le sud de l'Allemagne.
Le 11 septembre, j'ai emmené P/O THOMPSON à VITRY (H 6103) et lui ai donné le message de BECKER avec des instructions pour le transmettre au renseignement britannique là-bas. Je suis retourné à BERLES.
Le 14 septembre, je suis allé en voiture à VITRY où j'ai contacté mon escadron et j'ai été identifié. J'ai été emmené en jeep à BRUXELLES accompagné par l'officier du renseignement de la station. J'ai été brièvement interrogé par I.S.9 où j'ai donné des informations militaires et le message de BECKER. J'ai ensuite été envoyé par avion au Royaume-Uni. Pendant cette période du 1er au 13 septembre, j'étais personnellement en contact permanent avec les différentes unités britanniques de ma région. Tous mes messages au Royaume-Uni d'août 43 à sept 44 ont été signés « RAF 700710 ». Il me reste maintenant un solde de 5.125 francs provenant des montants qui me sont donnés de temps en temps par le Lt CARON. (remis à I.S.9).
(A NOTER : les indication de lieu (X 0000), après les noms de localité, sont les références à utiliser avec le Traducteur de Coordonnées accessible depuis les Utilitaires du Menu Documentation - Ajouter devant la ou les lettres trouvées dans les grilles, pour obtenir xX0000)


Photo de l'épave du JP577 - livre Hawker Typhoon And Tempest: A Formidable Pair Page suivante - (Lien transmis par C Dannau)

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