RECIT DES JOURNEES DU 9 AU 25 JUIN 1940
Dimanche 9 Juin 1940 (Hauviné - Ardennes)
02h30 - Un violent tir d'artillerie se déclenche. Les arrivées, les départs se confondent. C'est un roulement assourdisssant. Le ciel
est illuminé.
04h00 - le tir d'artillerie est d'une violence extrême. Le guet alerte la batterie : 2 groupes d'avions se dirigent vers la batterie
à altitude moyenne. Le P.Optique les identifie immédiatement : ce sont des Do17. Ils sont une vingtaine.
3 secondes après, le feu est ouvert sur le 1er groupe. 3 rafales sont tirées. Les éclatements sont bien placés. Les avions tirent à
la mitrailleuse et changent leur route. Une quatrième rafale est tirée et là-haut, parmi les éclatements, un avion pique et prend feu.
Changement d'objectif : le feu est ouvert sur le 2e groupe presque au-dessus de la batterie.
04h20 - Les servants n'ont pas le temps de refroidir les tubes. Le guet alerte de nouveau. Un ronronnement puissant couvre presque
les tirs d'artillerie.
Dans la brume du matin, les avions apparaissent venant de l'Est : 6 groupes d'une quinzaine chacun. Derrière eux, d'autres points noirs serrés
indiquent d'autres groupes. Ils sont bientôt identifiés comme Heinkel 111 et Do.17
Plusieurs chapelets de bombes sont lancés. Aucune batterie de DCA ne tire. Aucun chasseur dans l'air.
Nous ouvrons le feu sur le 1er groupe d'avions mais, génés par les éclatements, ils tirent sur la batterie à la mitrailleuse . Le tir continue.
Plusieurs avions se détachent du groupe. Un parachute s'ouvre.
Nous cessons le tir pour reprendre le 2e groupe. Les avions sont en formation impeccable. Ils lancent sans arrêt leurs chapelets de bombes.
Le sol est secoué d'explosions
La batterie ouvre le feu sur un autre groupe. Une vingtaine de mitrailleuses tirent par rafales sur la batterie. Les éclatements de torpilles
se rapprochent, elles sifflent comme des sirènes.
05h30 - Nous tirons toujours. Il y a des avions partout. Les pourvoyeurs sont obligés d'approvisionner les pièces pendant le tir.
Un avion s'est détaché d'un groupe et se dirige seul sur la batterie. Nous tirons dessus. L'avion a dépassé la batterie. Il fait
demi-tour. Le tir cesse. Il pique légèrement sur nous, s'incline sur une aile, sur l'autre. Nous le croyons touché. Non. Un sifflement
déchire l'air : l'avion a lâché des torpilles. Le sifflement nous frôle. Une formidable explosion secoue l'air. On a l'impression
d'être soulevé de terre. Un gros nuage de fumée s'élève près des pièces, mais personne n'est atteint. Le tir reprend immédiatement
sur l'avion.
06h00 - La batterie tire encore sur plusieurs groupes d'avions. Les tubes sont presque rouges. En 1 heure 1/2, plus de
500 coups ont été tirés.
06h30 - Les tirs d'artillerie sont toujours aussi violents. Une nappe de fumée noire s'étend sur toute la plaine. La visibilité
devient mauvaise. On arrive difficilement à identifier les avions.
10h00 - Les tirs d'artillerie deviennent un peu moins violents. L'activité aérienne semble se ralentir.
12h00 - Alerte sur alerte, mais impossible de tirer ou très peu : la visibilité est de plus en plus mauvaise. On ne distingue pas
les avions.
17h00 - Un avion de reconnaissance Henschel 126 vient nous repérer à basse altitude. Les mitrailleuses de la batterie tirent.
Nous ouvrons le feu sur lui avec des fusées débouchées pour éclater à une courte distance. L'avion, surpris, essaye de se dégager,
change de route et reprend de l'altitude. Mais le PC peut le prendre et un tir par rafale lui enlève un morceau de la queue.
L'avion s'abat. Un des occupants est tué, l'autre fait prisonnier.
19h00 - Le Cdt de batterie fait une liaison avec la 14e Division. Les allemands sont refoulés sur l'Aisne : tout va bien.
21h00 - 2 camions partent en corvée de munitions. Dans la nuit, le Cdt de batterie reçoit un coup de téléphone du Cdt de Groupe
lui disant que son matériel est précieux !?
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Lundi 10 Juin 1940 (Hauviné Ardennes)
01h00 - Un régiment de chars prend position devant nous.
04h00 - La batterie est en alerte depuis le petit jour. Les tirs d'artillerie ont repris, aussi violents que la veille.
08h00 - Les avions allemands ne cessent de survoler les environs et de lâcher des chapelets de bombes. Parmi les explosions
de bombes et les tirs d'artillerie, nous entendons les moteurs de chars.
08h30 - Un groupe d'hommes affolés traverse la position de batterie : c'est l'échelon d'une batterie de 155 qui annonce
les allemands à Aussonce (Ardennes - 5 km).
Les dragons sont toujours devant nous : la batterie ne bouge pas.
09h00 - Coup de téléphone du Groupe, qui demande au Cdt de batterie d'aller reconnaître une position de repli au Nord
de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne - 51). Devant la gravité de la situation, le Lieutenant demande et obtient que le Groupe
fasse lui-même la reconnaissance.
09h30 - Des fuyards arrivent toujours. Les Officiers les arrêtent et les dirigent sur Hauviné.
Des chevaux passent, avec ou sans cavaliers. Leurs conducteurs ont coupé les traits pour se sauver plus vite. Que feront leurs camarades
restés à leurs pièces s'il faut se replier ?
L'artillerie allemande envoie sur le secteur des obus de gros calibre. Un avion de reconnaissance tourne en rond au-dessus de la
batterie et règle le tir. La batterie tire, mais sans succès.
10h00 - L'Officier de tir réunit les sous-officiers, fait repérer le pointage des pièces sur la route, et donne des
instructions pour le tir sur les chars.
Des ordres sévères sont donnés : personne ne doit quitter son poste sous aucun prétexte.
10h30 - L'équipe de réparation de Châlons vient remettre une pièce en état. Mauvais moment pour cela. Devant les difficultés
d'exécution, ils abandonnent et laisse le matériel nécessaire à l'atelier de batterie qui s'en chargera.
11h00 - Nous ne voyons pas encore de chars, mais nous recevons toujours des obus de gros calibre.
Un coup de téléphone de l'Etat-Major donne l'ordre de repli immédiat sur une position au Nord de Châlons-sur-Marne.
Nous relevons les pièces et commençons à charger le matériel dans les camions, sauf les deux mitrailleuses qui restent en
position jusqu'au départ.
Le Henschel 126 revient nous repérer. Nous l'attaquons avec les mitrailleuses, mais il est trop haut pour que le tir soit
efficace, et nous n'avons plus les pièces.
Le tir d'artillerie devient de plus en plus précis. Un obus tombe près de l'emplacement où était une pièce 1/4 d'heure plus tôt.
Un autre tombe juste derrière la batterie. En haut l'avion tourne toujours.
La position devient difficile. Un obus tombe près de la roulante qu'on est en train de remettre en camion.
13h00 - Tout est prêt. L'ordre de départ est donné.
A la sortie de Bétheville (Marne), la colonne est poursuivie par 12 bombardiers qui lâchent des bombes, mais sans précision.
La colonne poursuit sa route.
22h00 - La batterie se met en position près de Cuperly (Marne). Le Groupement ne nous a pas ravitaillé en vivres.
24h00 - Les pièces sont en position. Nous ferons le règlage dès le lever du jour. Nous prenons un peu de repos sur
l'herbe tant bien que mal.
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Mardi 11 Juin 1940 (Cuperly - Marne)
03h30 - Les avions allemands lancent des bombes sur une ligne de chemin de fer à proximité. Nous finissons la mise
en station de la batterie.
07h00 - La batterie ouvre le feu sur un groupe d'avions Do17. Toute la journée, malgré la pluie et l'orage, alertes
sur alertes.
Au cours d'un tir, un obus éclate à quelques mètres de la première pièce. Par miracle, personne n'est atteint. Nous relevons
des éclats tout contre le canon et près des mitrailleuses.
Entre deux alertes, nous montons les marabouts pour la nuit.
18h00 - Nous n'avons pas encore reçu de ravitaillement.
20h00 - Le Cdt de batterie fait une liaison avec l'Etat-Major du Groupe.
21h00 - Un motocycliste apporte un ordre de repli immédiat sur une position au sud de Chalons. Le mouvement s'exécute
par une nuit noire, en bon ordre mais avec beaucoup de difficulté.
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Mercredi 12 Juin 1940 (Châlons-sur-Marne - Maintenant Châlons-en-Champagne - Marne)
Nous passons la Marne au petit jour et prenons la direction de Mairy-sur-Marne (Marne). 5 km avant Mairy, nous faisons une halte
près d'un petit bois, pendant que le Cdt de batterie va reconnaître une position.
Au départ, nous sommes attaqués à la mitrailleuse par un groupe de bombardiers et de chasseurs. Nous ripostons avec nos
mitrailleuses, aidés de celles d'une batterie de 75 de campagne et d'une Cie anti-chars.
Nous sortons difficilement du bois, poursuivis par les bombardiers qui lancent des torpilles et défoncent la route sur
plusieurs point.
Enfin, la colonne atteint la position et se met immédiatement en position de tir.
17h00 - Nous ouvrons le feu sur un groupe d'avions ennemis. L'artillerie allemande arrose tout le secteur.
18h00 - Le Cdt de batterie fait une liaison avec l'Etat-Major du Groupe installé à Cernon (Marne). Toujours pas de
ravitaillement par le Groupement. Nous vivons avec les réserves de la batterie, mais il n'y a plus de pain, presque plus
de légumes sec et pas de viande.
Une batterie de 75 de campagne s'installe à proximité. Derrière nous se trouve une batterie de 155.
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Jeudi 13 Juin 1940 (Mairy-sur-Marne - Marne)
Dans la nuit, une colonne allemande s'infiltre jusqu'au village. Les armes anti-chars et les mitrailleuses tirent sans
arrêt.
03h00 - Les batteries de 75 et de 155 ouvent le feu sur les allemands. La bataille fait encore rage devant nous,
puis tout se calme peu à peu. La colonne est repoussée jusqu'à la Marne.
04h00 - Le Cdt de batterie fait un essai de liaison avec l'E-M du Groupe, mais apprend qu'ils sont partis de Cernon
dans la nuit, sans laisser d'ordres.
04h30 - Nous ouvrons le feu sur un avion de reconnaissance qui vient nous repérer, puis sur un groupe de bombardiers.
08h00 - L'artillerie allemande nous envoie des obus fusants. Le Henschel 126 revient et règle leur tir. Nous ouvrons
le feu dessus. Les 75 et les 155 répondent à l'artillerie allemande.
09h00 - La situation s'aggrave. Les tirs allemands se font de plus en plus précis. La position est intenable.
10h00 - L'artillerie allemande bombarde la route qui traverse le village. Devant l'absence d'ordres, la batterie
reste en position jusqu'à nouvel avis.
10h30 - Un Officier d'E-M de la 14e Division se met en communication avec le Cl Bastien qui ordonne le repli immédiat
en direction du camp de Mailly (Mailly-le-Camp - Aube). La batterie relève et se met en position de route.
L'ordre de départ est donné, mais nous ne pouvons songer à prendre la route, qui est barrée par l'artillerie allemande. Il faut
prendre un petit chemin à travers bois.
Le mouvement s'exécute au prix de grandes difficultés. Enfin nous atteignons la route et nous dirigeons sur Mailly.
En route, la moto prend feu et est abandonnée, ainsi que le camion atelier hors d'usage.
A Mailly, nous recevons l'ordre d'aller cantonner à Grandville (Aube - 8 km au sud de Mailly) pour la nuit. Le mouvement
s'exécute.
Nous pouvons enfin nous laver, et surtout nous allons pouvoir dormir. Mais toujours pas de ravitaillement. Le pain est
remplacé par les biscuits de guerre. Pour la viande, le Lt fait abattre un veau dans un village abandonné mais, avec la
chaleur et la route, nous ne pouvons l'utiliser.
18h00 - La batterie apprend que l'E-M s'est installé à Vaupoisson (Aube - 20 km au sud de Mailly), et fait une liaison
pour prendre des ordres. Nous devons nous installer le lendemain matin au sud de l'Aube.
21h00 - Nous recevons un ordre de repli immédiat au sud de la Seine. Le mouvement s'exécute de nuit sur des routes
encombrées de colonnes.
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Vendredi 14 Juin 1940 (Arcis-sur-Aube - Aube)
Nous passons au petit jour Arcis-sur-Aube bombardé, dont les maisons brûlent. Nous traversons la Seine à Villacerf (Aube) avec
point d'arrêt au Pavillon (Le Pavillon-Ste-Julie - Aube)
07h00 - Liaison avec le Groupe installé à St-Pierre (Dierrey-St-Pierre - Aube). Ordre de mise en batterie au nord de
Pavillon, avec mission de défendre le passage de la Seine constamment bombardé.
07h30 - La batterie se met en position. L'afflux des réfugiés commence à encombrer les routes.
08h00 - Un groupe d'avions survole la batterie, très difficile à identifier dans la brume du matin.
Nous ouvrons le feu sur un groupe d'avions italiens qui viennent bombarder en piqué. Bombardement terriblement précis.
9 chasseurs allemands nous survolent et nous attaquent en rase-motte. Nous nous défendons aux mitrailleuses et aux fusils et
avec les pièces nous faisons du tir direct.
Deux pièces seules osent tirer. Les avions étant très bas, le tir est rendu dangereux mais les avions, surpris, se dégagent et ne
reviennent pas.
Sur la route, des convois en retraite roulent sans cesse. La batterie, ne recevant pas d'ordre, reste en position.
10h00 - La situation s'aggrave. Un groupe de side-cars armés annoncent les allemands à quelques kilometres. Les raids
d'avions et les bombardements se renouvellent sans cesse.
Les colonnes allemandes ne sont pas loin : nous voyons les avions français lancer leurs bombes sur leurs lignes, et tirer à la
mitrailleuse. Le Cdt de batterie part demander des ordres au Groupe.
L'Officier de tir demande des volontaires parmi les hommes. Si l'ordre de repli n'arrive pas, il faudra tirer sur les chars
et faire sauter les pièces. L'Officier ne cache pas la difficulté, nos pièces n'ayant aucune protection.
Peu d'hommes se présentent. Nous réunissons 1 Officier, 6 Sous-Officiers et 4 hommes. Nous disposerons d'une camionnette et
d'une mitrailleuse, s'il reste la possibilité de s'échapper.
Les avions allemands et italiens bombardent toujours de plus en plus près. Les hommes sont nerveux et surtout très fatigués.
Nous ne réalisons plus très bien.
11h00 - Toujours pas d'ordre de repli. La batterie tire encore.
11h30 - Des gendarmes en moto viennent nous dire d'abandonner tout et de partir d'urgence. Les allemands nous ont débordé
sur le côté, nous risquons d'être encerclés.
Devant l'absence d'ordres du Groupe, l'Officier de Tir (S/Lt Joly) décide, s'il en est encore temps, de ne pas sacrifier
inutilement les hommes, et d'essayer de sauver le matériel. En conséquence, il donne l'ordre de replier immédiatement.
Le mouvement s'exécute en moins de 20 minutes. La colonne est formée et se met en route.
Les allemands sont à moins de 500 mètres. Après avoir roulé quelques kilomètres, nous rencontrons notre Cdt de batterie qui
revient avec un ordre de repli, ayant pour direction Cerisiers (Yonne).
L'exode des réfugiés devient pitoyable. Nous n'avons pas de carte de la région. La marche parmi les convois est très pénible.
Les camions peinent. Nous mettons 8 heures pour faire le trajet que nous aurions dù faire en 3 heures.
Le convoi se trouve bientôt dispersé, et éprouve les plus grandes difficultés à se regrouper. Les chauffeurs, qui n'ont pris
aucun repos depuis plusieurs jours, ne restent éveillés qu'à grand-peine.
Nous arrivons à Dixmont (9 km SO Cerisiers) à 22 heures. La batterie essaye de se regrouper mais, par suite d'une erreur,
la camionnette téléphonique, le camion avec sa remorque d'écoute et un camion avec sa pièce ont dù suivre vers Joigny (Yonne),
où ils devront nous attendre.
Après un repos de 2 heures, nous repartons vers Joigny. Nous vivons de conserves et biscuits de guerre.
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Samedi 15 Juin 1940
En route pour Joigny, notre chauffeur s'endort au volant et se jette dans un fossé avec sa pièce, les hommes et une
centaine d'obus. Deux hommes sont blessés et sont évacués par une sanitaire.
Des gendarmes donnent l'ordre de dégager la route et de filer d'urgence. Nous récupérons les hommes et du matériel. Nous
abandonnons une pièce inutilisable et repartons vers Joigny où nous arrivons à 5h30.
Nous arrêtons près du pont pour nous regrouper et rejoindre les camions que nous avons perdu la veille. Nous retrouvons un
camion et sa pièce. Il manque un camion et une camionnette.
06h00 - Une formation de bombardiers italiens survolent Joigny et le pont sur l'Yonne en piqué. Nous voyons nettement
les bombes se détacher des avions et piquer droit sur nous. Tous les hommes essayent de s'abriter.
Un fracas épouvantable secoue tout, soulève tout. Des pierres, des éclats sont projetés. Presque toutes les bombes sont tombées
sur le pont et sur la place, fauchant tout et arrachant les façades.
Sur le pont, des camions sont éventrés, les conducteurs tués. Un tracteur avec 10 hommes brûle. Une voiture est renversée. Un
cadavre brûle à côté. Des chevaux sont éventrés.
Sur la place aussi il y a des victimes. Une femme, des enfants, eux aussi sont morts. Des infirmiers s'empressent près des blessés.
Nous ne pouvons réussir à dégager le pont qui, d'autre part, est à moitié défoncé. Il faut chercher un autre passage. Le Cdt de
batterie part en reconnaissance pour trouver un second passage. Nous retrouvons les 2 véhicules manquants près du pont, mais vide
de tout le personnel. Nous le récupérons et prenons la direction du pont de Laroche (Laroche-St-Cydroine - 89) pour tenter de
franchir, l'Yonne.
2eme bombardement de Joigny. Les avions visent le pont de Laroche mais ne réussissent qu'à couper la route encombrée de convois et
font beaucoup de victimes.
Nous faisons demi-tour et, après un long détour, nous traversons l'Yonne et roulons vers Auxerre (Yonne). Nous arrêtons et
assistons, impuissants, au bombardement de la ville.
A Auxerre, la colonne ne se compose plus que de 3 canons et leur camion, 1 P.C et son camion, 1 correcteur et son camion, 1
camionnette de ravitaillement et une camionnette. Le S/Lt n'a pas rejoint, et ne rejoindra pas. Nous avons perdu 41 hommes.
Le Groupe doit se trouver vers Neuilly, petit village (8 km SE Joigny). Le convoi se dirige vers Appoigny (89) où doivent se
trouver les FTA6 (Forces Terrestres Anti-aériennes). A Appoigny personne. L'absence de carte ne nous permet pas de chercher
le Groupe à Neuilly.
11h30 - Nous trouvons la 155e batterie qui rétablit la liaison avec le Groupe.
14h00 - Ordre de nous diriger sur Tannere (Tannere-en-Puisaye - Yonne). Le Lt et le S/Lt partent en reconnaissance avec la voiture, mais
le Lt s'endort au volant et la voiture percute sur un poteau. Par chance, les occupants ne sont que fortement contusionnés, mais
la voiture est hors d'usage.
17h00 - Passage à Toucy (89) bombardé. Arrêt et cantonnement à Mézilles (89) à 23 heures.
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Dimanche 16 Juin 1940 Mezilles (Yonne)
Départ de Mézilles à 4 heures. Arrivée à Septfonds. Recherche du Groupe qui doit se trouver à Tannerre, village voisin. Le
sous-officier envoyé en liaison rencontre les auto-mitrailleuses allemandes qui occupent Tannerre. Un 2e essai de liaison
donne les mêmes résultats.
07h00 - Départ de Septfonds en direction de St-Fargeot (St-Fargeau - Yonne), mais les allemands coupent la route. Nous
passons par des petits chemins à travers bois. Nous abandonnons, après l'avoir détruit, le correcteur d'écoute, faute de
moyen de transport.
Après St-Fargeot, nouvel encombrement des routes. Le passage de la Loire à Bony (Bonny-sur-Loire - Loiret) ne s'effectue que
vers midi. Arrêt à Bony et regroupement.
14h00 - Bombardement du pont de Bony. Un Officier d'E-M indique que les F.T.A.6 sont à Ivry-le-Pré (?). Une liaison part
immédiatement avec la camionnette. La batterie cantonne pour la nuit à Sury-ès-Bois (Cher) .
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Lundi 17 Juin 1940 (Sury-ès-Bois - Cher)
La liaison à Ivry-le-Pré a trouvé un Officier de la 157e batterie du 404 qui donne l'adresse des F.T.A.6 à La Chapelle-d'Anguillon
(La Chapelle-d'Angillon - Cher).
Une nouvelle liaison trouve à un point indiqué un Officier d'E-M de la 6e Armée qui indique l'axe sur lequel il compte ravitailler
en vivre et en essence. Enfin! Pour le reste, se débrouiller. Le Cdt de batterie est laissé maître. Il devra défendre les noeuds
de communication jugés importants.
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Mardi 18 Juin 1940
La batterie se porte sur La Chapelle-d'Anguillon. Abandon à Sury (Sury-ès-Bois - Cher) d'un camion diesel 5 Tonnes dont la pompe
ne fonctionne plus.
Départ de Sury à 5 heures du matin. La batterie cantonne à 10 km de La Chapelle. Les allemands sont annoncés à Bourges (Cher),
40 km plus en arrière. La batterie fait un mouvement de nuit en direction de Chateauroux (Indre).Gros embouteillage. Arrêt de
plusieurs heures à Vattan (Vatan - Indre)
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Mercedi 19 Juin 1940
Chateauroux est atteint à 1 heure du matin. Le S/Lt Joly part reconnaître un emplacement et la batterie s'y porte
immédiatement. Dans ce dernier mouvement, 2 voitures s'égarent : 41 perdus que l'on ne retrouvera pas, malgré les recherches.
07h00 - Bombardement de Châteauroux : gare et aviation. Une batterie de DCA donne l'adresse des F.T.A.6. La liaison est
établie avec le Colonel Delpit qui donne l'emplacement de l'E-M du 52e Groupe. Une liaison part à la recherche du 52e Groupe
et le retrouve à 18 heures, grâce à un passage à niveau fermé, vers Ardentes (Indre) mais déjà en route pour une autre
destination.
15h00 - Mise en batterie d'une mitrailleuse contre 3 Messerchmit (Messerschmitt) qui mitraillent la route de Limoge
(Limoges - Haute-Vienne). 3 rafales et 2 avions piquent au sol. La batterie envoie reconnaître, et trouve, à hauteur du P.N. de
la ligne Paris-Toulouse, les corps des 2 aviateurs et les débris de leurs appareils.
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Jeudi 20 Juin 1940
Les allemands sont attendus à Châteauroux qui est déclaré "Ville Ouverte". A 6 heures du matin, ordre de mouvement sur Buxière
(Buxières-d'Aillac - Indre). Arrivée à Buxière à 7h30.
Nouvel ordre de mouvement : ordre de passer la Creuse à Le Pin (près de Ceaulmont - Indre), et de prendre cantonnement à Bazège
(Bazaiges - Indre). Le cantonnement est installé à Bazege vers 15 heures et la liaison est établie avec le Groupe à 17 heures.
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Vendredi 21 Juin 1940 (Bazaiges)
La population de Bazege est très alarmée par notre présence. Plusieurs délégations viennent solliciter notre départ.
13h00 - Reconnaissance d'une nouvelle position de batterie en vue de la défense de plusieurs noeuds de communication,
en particulier le croisement de 5 routes.
Le gasoil et l'essence manquent. Nous ne sommes pas ravitaillés. Nous allons avec la camionnette dans la direction où sont
annoncés les allemands, pour récupérer ce qui peut être abandonné.
A Argenton (Argenton-sur-Creuse - Indre), où nous arrivons, 4 ponts sur 5 sont déjà sautés, mais nous pouvons récupérer dans des
wagons abandonnés : 600 litres de gasoil et 200 litres d'essence. Nous rentrons à Bazege.
L'ordre de mouvement est donné dans la nuit. Au croisement des 5 routes, un agent de liaison donne un ordre de poursuivre
jusqu'à Laurière (Haute-Vienne) où la batterie doit se fondre avec ce qui reste d'une autre batterie, la 157e. Laurière
est atteint à 1 heure du matin.
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Samedi 22 juin 1940 (Laurière)
Cantonnement dans une ferme jusqu'au lever du jour, puis départ pour la position de batterie au nord de La Chassagne
(Haute-Vienne).
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Dimanche 23 Juin 1940
Le Groupement assure enfin notre ravitaillement.
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Lundi 24 Juin 1940 (La Chassagne)
Ordre de mouvement pour Tulle (Corrèze). La batterie s'arrête aux portes de Tulle, et passe la nuit à St-Jean où on apprend
la
signature de l'armistice.
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Mardi 25 Juin 1940
Tulle est atteint. Le Groupement nous ravitaille. La batterie monte jusqu'à Ste-Fortunade (Corrèze - 6 km sud de Tulle) où le
Colonel Delpit s'arrête. Séjour à Ste-Fortunade du 25 Juin au 1er Juillet.
Le 30 Juin au soir, ordre de rejoindre le 52e Groupe, stationné au sud de St-Céré (Lot). Le mouvement s'effectue le 1er Juillet au matin.
La batterie s'installe à St-Médart-de-Presque (St-Médard-de-Presque - 4 km NO St-Céré - Lot) et y prend cantonnement. Le mardi 9 Juillet,
la batterie change de cantonnement et s'installe au Moulin de la Segarie (à quelques centaines de mètres de St-Médard) où l'on peut
installer, conformément aux ordres, un parc convenable pour le matériel.
Albert Carville
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Citation de la batterie à l'Ordre du Corps d'Armée |
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Extrait du cahier tenu par Albert Carville |