PREAMBULE

Alors que, la veille, Paris fêtait dans la liesse la reddition de von Choltitz signée au nom du Gouvernement Provisoire de la République par le Général Leclerc et le Colonel Rol-Tanguy, que le Général de Gaulle descendait triomphalement les
Gl de Gaulle aux Champs-Elysées 1944 - Photo franceattraction.com Champs-Elysées pour se rendre à Notre-Dame, que presque tous les bastions ennemis avaient été neutralisés par la 2e DB, ce jour le 26 août 1944 vers 23h00 les sirènes d'alerte retentissent.
Dans l'expectative et l'incrédulité, les parisiens attendent...
Hélas au cours de cette nuit du 26/27 août, Paris se trouvant vide, sauf au Palais du Luxembourg, de tout occupant suite à l'évacuation de la Wehrmacht, le IX. FliergerKorps (Gl Peltz) effectue un bombardement sur la Capitale sans risque d'atteindre ses troupes.

PREPARATION ET BOMBARDEMENT 

• Forces en présence :
• Allemandes - 111 appareils essentiellement des Junkers
  Junkers Ju88 - Photo www.myzone59.com Ju88. et
  Junkers Ju188 - Photo avionswwii.fr Ju188 (2 ne pouvant participer à cause de difficultés apparues après le décollage).
• Alliées - Aucune présence de chasse de nuit dans le secteur de Paris, celle ci ayant été affectée en priorité sur le front de Normandie. De plus l'armement anti-aérien est pratiquement inexistant, quelques canons bofors de 20 mm et mitrailleuses 12,7mm sur des véhicules militaires (GMC, Jeep et autres).

• Bases :
• réparties entre les aérodromes de Belgique (Le Culot, Melsbroek) Pays-Bas (Gilze Rijen) Allemagne (Leck) et du NE de Paris ( Montdidier, Cormeilles en Parisis, Beauvais-Tille) encore occupés.

• Types de bombes embarquées :
• Bombes explosives moyennes de 50 kg pour détruire les immeubles et provoquer des cratères dans les rues.
• Bombes de 1 tonne pour les objectifs industriels.
• SD2. Bombes de 2 kg contenues dans des "containers" qui en s'ouvrant les éparpillent sur de grandes surfaces et explosent à la moindre vibration du sol lorsque l'on s'en approche .
• Bombes incendiaires : petites bombes larguées de contenairs – bombes de 50 kg au phosphore ou au napalm – bombes mixtes explosives et incendiaires.

• Ordres de mission :
• à la IX e Fliegerkorps : attaque par bombardement du quartier de Sceaux (S de Paris) sur les voies principales de ravitaillement des deux cotés de Sceaux, de Chatenay-Malabry à Montrouge (RN20) et du quartier Est/Ouest de Villacoublay (SO de Robinson) jusqu'à Montrouge.
• Au KG 30 : Lancement de tracts sur Paris.

• Plan de vol :
• Décollage des aérodromes belges, Hollandais, Allemands et du N/NE de Paris. Rassemblement.
• Début du bombardement vers 23h25.
• 23h25-00h45 : 1ère vague plus de 100 avions par vagues successives de 20. Venant du N/NE l'armada de bombardiers vire au S de Paris suivant deux axes
  • Sceaux - Saint-Denis.
  • Clamart – Noisy-le-Sec.
  qu'ils remontent au-dessus de la banlieue et de Paris intra-muros en se délestant de leurs bombes.
• 04h00 : 2ème vague de 20 avions qui parachève la mission en larguant sur les mêmes objectifs.

LE BOMBARDEMENT

Si on observe les répartitions des points de chute des bombes les directions des axes ont été respectés. Sceaux, absent sur la carte, a subi le bombardement comme prévu.
Par contre, l'Est de Paris, les banlieues N/NE et SE ont été victimes de "bavures".
Le centre de la Capitale (quartier du Luxembourg) a été préservé.

• Points de chute des bombes.
• Banlieue :
• Vincennes : Avenue Dame Blanche.
• Montreuil : Rue Robespierre - Rue Cuzier - Place de Villiers - Rue de la République.
• Ivry : Quartier Ivry-Port - Gare d'Ivry (explosion d'un train de munitions) - Avenue de la République (Hospice des Incurables).
• St-Denis (bombes incendiaires) : Avenue du Président Wilson - Carrefour Pleyel - Rue de Paris (21 usines incendiées - 2 écoles - 1 église) - Bld Sembat.
• Vitry : 10 maisons détruites Rue d'Alègre - Rue Anatole france - Avenue du Chemin de fer.
• St-Maur-des-Fossés : Rue Montray.
• Créteil : Rue du Maréchal Pétain.
• Les Lilas : Rue Sadi-Carnot - Rue Jean-Jaures - Fort de Noisy - Rue Capsulerie.
• Bagnolet - St-Ouen(bombes incendiaires) : Rue de la Chapelle - Rue Claude Monet - Rue E Berthoux - Avenue Michelet - Rue Godillot - Rue Valentine.
• Saint-Mandé (bombes incendiaires) : Square des Sorbiers.
• Pantin : Rue Concordet - Quartier du Cimetière - Rue Sadi-Carnot.
• Drancy : Quartier Église Ste-Louise-de-Marillac.
• Paris Intra-Muros (par arrondissements) :
• III/IVe : Rue des Francs-Bourgeois - Rue Veille du Temple - Rue Rambuteau.
• IVe : Boulevard Bourdon (casernes des Gardes Républicains).
• Ve (bombes incendiaires) : Rue Monge - Halle aux vins - Bld St-Germain - Rue Geoffroy St-Hilaire - Jardin des Plantes.
• XIIe : Place Daumesnil - Porte de Picpus - Quartier Porte de Bercy.
• XIIIe : Avenue de Choisy - Rue Régnault - Gare des Gobelins (entrepôts Paris-Ivry) - Rue de Patay - Rue de Tolbiac, Place d'Italie - Rue Domrémy - Usine Panhard.
• XIVe : Parc Montsouris - Porte d'Orléans.
• XVIIe : Rue Balagny - Rue Davy - Rue des Moines - Rue des Apennins - Rue Béliard - Rue Dr Heulin - Cité des Fleurs - Avenue de Clichy.
• XVIIIe : Rue des Poissonniers - Rue des Amiraux - Rue du Chevalier de la Barre - Rue Ordener - Rue Henri Brisson - Rue Boucry - Rue Belliart - Porte de La Chapelle.
• XIXe : Rue de Belleville - Rue Mouzaïa - Rue Rebeval - Quartier des Buttes-Chaumont - Rue Compas.
• XXe (bombes incendiares) : Rue des Pyrénées - Rue St-Fargeau - Bld Mortier - Rue du Surmelin - Rue Noisy-le-Sec - Rue Adolphe Penaud - Rue Étienne Marey - Rue du Lt Chauré.

BILAN

• Population parisienne : 189 tués - 890 blessés
• XVIIIe - Hôpital Bichat - 13 tués, alors que la plaque commémorative en dénombre 10 (Sept Infirmières, un employé et trois membres de sa famille, deux adolescents).
• IVe - Boulevard Bourdon, Caserne Schomberg (Garde Républicaine) - 13 tués.
• III/IVe - 46/48 Rue des Francs Bourgeois - Effondrement d'un immeuble - 21 tués
  Rue Vieille du Temple et Rue des Francs-Bourgeois - 66 morts, 118 blessés.
• XXe - 20 rue de la Réunion - Effondrement d'un immeuble - 12 tués.
• XIIIe - 34 rue du Dessous des Berges - 3 tués.
• XIIIe - 1 rue Dupuy de Lôme près de la Porte de Choisy - 7 tués.
• VIe - Passage Bauduin - 4 tués.
• Pantin - angle des rues Anatole France et Jules Jaslin (bombe incendiaire) - 4 tués.
• Ivry sur Seine et Vitry sur Seine - 34 morts, 283 blessés.
  
• Charenton le Pont - 8 tués.
• St-Maur - 14 tués.
• Sceaux - Quartier Blagis - 4 tués.


• Immeubles : 431 entièrement détruits - 1597 partiellement
• La Halle aux vins (actuellement la Faculté de Jussieu) est totalement détruite. L'alcool s'enflamme instantanément, des milliers de barriques de vin brûlent toute la nuit, illuminant Paris d'une lumière rougeâtre.


• Pertes allemandes : 2 avions abattus.

CONCLUSION

Malgré la reddition signée le 25 août, la 2e Division Blindée de Leclerc, associée aux FFI, devra encore combattre pendant plusieurs jours pour anéantir les dernières poches de résistance ennemie.
Les aérodromes occupés du nord de la France, de la Belgique et de la Hollande permirent à la Luftwaffe non seulement de préparer ce raid meurtrier sur Paris et sa banlieue mais de faire peser une menace réelle pendant quelques semaines encore.
Ce bombardement, épisode méconnu des parisiens, permet de rappeler le lourd tribut payé par la population parisienne alors qu'elle fêtait dans l'allégresse et une certaine insouciance cette libération attendue.

SOURCES ET LIENS

• Revue AIR FAN N° 81 et 82 - Juillet-Août-Septembre 1985. Alain Marchand.
• Livre "Paris brûle t'il ?" de Dominique Lapierre et Larry Collins.
• Vidéo "Bombardement de Paris par les Allemands" sur www.ina.fr
• Vidéo "Le plus beau fou-rire de ma vie" par Monique Dumas sur www.memore.org
• Page avec photos du bombardement de Paris sur liberation-de-paris.gilles-primout.fr
• "Scènes de la libération de Paris en 1944" sur adminet.tv
• "Plaque commémorative 1939-1945, hôpital Bichat" sur memorial-genweb.org